La pratique est axée sur la vérité des mouvements, des attitudes et des expressions corporelles.

Une sortie photo s'apparente à une chasse aux clichés puisqu'un endroit achalandé est choisi, souvent le même et il faut ouvrir l'oeil et scruter les éléments intéressants visuellement qui pourraient créer de bons clichés avant de les saisir quand ils passent sous l'objectif ou en courant après eux pour les photographier: cela peut-être un mouvement de vêtements, une expression physique, l'attitude d'un groupe.

La photographie prise sur l'instant, sur le vif fait ressortir l'authenticité d'autant plus que les passants ne savent pas ou ne pensent pas qu'ils sont le sujet du cliché. Les personnes ne mentent pas dans leurs attitudes parce qu'elles ne prennent pas la pose. Poser, nous rend moins naturel. Cela est remarquable à l'inverse quand il s'agit de faire une photo de famille: chacun vérifie sa coiffure, sa tenue pour vérifier que tout est sous contrôle.

 

Prendre ces personnes en photo permet de saisir un moment de leur intimité, un fragment de leur vie, qui invite à l’imagination. Il arrive que je réussisse à croiser leur regard et ainsi obtenir plus de choses sur la personne.

 

Le style se définit donc par la photographie de rue: les clichés sont pris sur le vif, dans la rue, là où toutes les classes sociales, tous les âges, tous les types de personnes se croisent. Il s’agit de se placer à un endroit et de scruter les passants en photographiant à l'instinct. Aucune photo n'est prise au téléobjectif, il faut toujours être très proche des personnes dans la rue qui n'ignorent donc pas la présence du photographe. Les passants ne comprennent pas toujours pourquoi ils sont pris en photo, ainsi ils ne changent pas leur attitude ni leur posture. Les passants ne réfléchissent pas à leur paraître et sont naturels et vrais sur mes clichés. Chose que l’on retrouve lors des prises de photographies de famille où chacun vérifie sa coiffure et que rien ne gêne dans le décor.

 

Le travail sur les forts contrastes, en noir et blanc et en lumière ambiante permet un rendu graphique. Les hauts contrastes permettent aussi d'augmenter l'attention sur des points précis de l'image, plus difficile à obtenir pour moi avec la couleur dans laquelle on se perd et d'accentuer les caractéristiques morphologiques. L'une des différences avec la photographie de rue telle que nous avons l'habitude de la voir est l'ajout de l'utilisation des expositions lentes qui accentuent l'idée de mouvement, d'agitation alors que le propre de la photographie est de capter au contraire un instant précis, un instant fugace. Ces images vaporeuses renvoient une idée de légèreté et semblent plus poétiques. Ainsi les passants pris en photo semblent tout à la fois présents et absents.